
“MES PROFS DE GYM M’ONT APPRIS À PENSER”
Cette affirmation, à priori contradictoire, nous vient de Michel Serres, philosophe.
Il met en avant combien toute vie, tout apprentissage, passe par le corps, y compris et surtout, la pensée et la démarche intellectuelle.
En effet, le cerveau est une partie de notre corps, en interaction avec tout le reste du corps et avec l’environnement.
Le corps apprend avec l’expérience et ce savoir reste engrammé, il s’inscrit dans un savoir non conscient qui permet d’agir de façon automatique comme lorsqu‘on conduit par habitude sans se fatiguer à disséquer les détails de nos gestes. Ces gestes sont un préalable à la pensée, qui s’est construite par le développement de l’homme depuis 500 000 ans.
Michel Serres mène une intéressante réflexion sur le processus d’apprentissage : « prendre, apprendre, comprendre». Selon lui, le geste de la main, « prendre » est premier car le corps agit, ressent, découvre et c’est ce qui permet le développement de la pensée qui elle, vient ensuite. « Le corps est presque toujours en avant. Je crois que l’intelligence ne fait que jouer le dernier coup ».
De même, le corps participe aux intuitions, le corps devance l’intention ainsi que le montrent les observations d’imagerie médicale par lesquelles on observe que l’activité électrique du cerveau se déclenche avant même que le sujet ait l’intention consciente d’exécuter un geste. « Le corps nous précède et précède nos pensées ».
Il rend hommage à ses professeurs d’éducation physique, ses entraineurs et ses guides de montagne : « Ce sont eux qui m’ont appris à penser ». Le corps, en matière d’intuition, d’invention et d’adaptation est plus souvent « en avant » que la pensée.
Il fait un lien entre l’apprentissage de la marche et l’apprentissage de la pensée et de la vie : il estime qu’une fois acquise la marche simple sur terrain nu et plat, c’est l’apprentissage de la marche sur des rochers, des chemins escarpés, et l’escalade qui développent l’adaptabilité, l’équilibre, le dépassement des obstacles.
Cet apprentissage du corps crée la matrice pour un apprentissage de la pensée, simple puis complexe, et de la capacité à s’adapter à des situations changeantes et à surmonter les obstacles dans la vie de manière plus large. « On ne sait que ce que le corps apprend, que ce qu’il retient, que ses souplesses ».
Ainsi Michel Serres rend toutes ses lettres de noblesse à l’intelligence du corps.
Dans le coaching somatique, nous donnons la part belle à ce que le corps sait et ce qu’il exprime avec ses postures et ses mouvements. Nous proposons d’être à l’écoute du corps dans un premier temps, puis les pensées, des idées nouvelles et des analyses viennent. Le corps possède une sagesse qu’il est bon d’entendre pour des décisions justes et respectueuses de notre écologie.
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